My mister est un drama de 2018 en 16 épisodes.
Le pitch:
Lee Ji-an est une intérimaire qui doit beaucoup d’argent à un usurier.
Un jour elle découvre par hasard que l’ingénieur du bureau dans lequel elle travaille Park Dong-hoon vient de recevoir une grosse enveloppe de pots-de-vin.
Elle décide de s’en emparer.
Elle va ainsi se retrouver au cœur d’un jeu de pouvoir explosif entre les directeurs de l’entreprise ; la femme de Park Dong-hoon, qui le trompe, sera le détonateur.
Mes remarques, avec spoilers:
Ceci n’est pas un juste un drama, c’est une œuvre.
Franchement, à la lecture du pitch, My mister ne me faisait aucune envie. J’ai commencé à m’y intéresser pour les acteurs. La lecture de critiques m’a convaincue d’essayer. Heureusement !
Le scénario est au top, d’ailleurs il a gagné des prix, aux Korean Broadcasting Writers’ Awards 2018 et aux Baeksang Arts Awards 2019.
De quoi ça parle ?
À la mode coréenne, avec des silences qui expriment des choses, sans aller trop vite mais sans toutefois tomber dans le soporifique, en suivant les parcours de Park Dong-hoon et Lee Ji-an, ce drama nous montre la vie de gens simples qui doivent assurer leur quotidien et se lever tous les matins, même si les circonstances ne les enchantent pas.
My mister parle de gentillesse, de sens du devoir, d’abnégation. Il parle aussi bien de vengeance que de pardon. Ça parle de succès, d’échec, de honte, de solitude, de sacrifice, d’humanité.
Ça parle d’amour. Beaucoup. De toutes sortes d’amour. De l’amour filial, l’amour fraternel, l’amour spirituel, l’amour un peu fou, l’amour-haine, et l’amour profond.
L’amour qui persiste, l’amour qui fuit.
Entre des temps forts et difficiles et des tranches de vie ordinaire, My mister s’étire en douceur pour donner de nombreuses de leçons de vie à qui veut bien les lire dans ses images et ses mots.
La fille pleine de bleus
IU est splendide dans le rôle de Lee Ji-an. On dirait un chat écorché dans la nuit. Elle est abîmée par la vie, méfiante, résistante, prête à feuler et à attaquer tout autour d’elle. Son quotidien est effroyablement douloureux et pathétique. Ses bleus sont aussi bien physiques qu’émotionnels ; elle est une grande blessée de la vie. Son amour et son abnégation pour sa grand-mère forcent le respect.
Au contact de Park Dong-hoon elle va doucement refleurir. C’est très beau de voir cette écorchée vive se laisser apaiser par une main amicale que, comme une bête sauvage, elle va commencer par mordre, mais finir par s’y lover avec vénération.
Le vieux avant l’âge
Park Dong-hoon a aussi une vie pathétique, mais dans un tout autre genre. Cet homme n’a que 45 ans (les jeunes comprendront plus tard ce que cela signifie, de n’avoir « que » 45 ans), et pourtant il s’habille comme un vieux, et se comporte aussi comme tel. Il n’a pas vraiment de vie, en dehors de ses soirées avec ses frères. Il subit son boulot, un peu comme il subit son couple. Le lendemain n’est qu’un autre jour, qui sera semblable de grisaille pour lui. Mais il fait bonne figure pour le monde extérieur, c’est ce qui lui importe le plus.
Sérieux, fiable, compétent mais dépourvu d’ambition, il met un point d’honneur à remplir ses obligations professionnelles et familiales, ainsi qu’attendu par la société. Il est surtout très gentil, et ne veut faire de mal ou blesser personne. Park Dong-hoon se tient sur sa ligne de flottaison, sans respirer trop fort pour ne pas faire de vagues, sans rien espérer, hormis de ne pas être submergé.
Lee Ji-an va tout renverser autour de lui.
Un quadra sans envergure ?
On pourrait penser que Park Dong-hoon n’est qu’un pâle humain sans envergure, contrairement à son ennemi Do Joon-youn qui a les dents qui rayent parquet tant il veut gravir les échelons sociaux.
Park Dong-hoon se laisse malmener et pousser dans un coin. Il se tait et continue son chemin.
Mais en fait il est fort et déterminé. Il n’a cette attitude passive que tant que la contrainte lui est supportable. Il endure, et quelque part cela lui convient. Cependant, dès lors qu’il décide de s’opposer à quelque chose, il ne lâche rien. Comme quand il va casser les murs du type qui a humilié son grand frère, pour obtenir des excuses qui feront retrouver son honneur à Park Sang-hoon. Comme quand il s’attaque à l’usurier, sans hésite à jouer des poings. Ou quand il décide d’avouer à tous l’adultère de sa femme. Il peut réfléchir longtemps, mais quand il prend une décision, elle est forte, et il assume.
Les 3 frères
Dong-hoon, Sang-hoon et Ki-hoon sont tout le temps fourrés ensemble. Cela fait plaisir de voir cette fratrie unie, mais cela fait aussi de la peine pour toute femme qui n’arrive pas à entrer dans le club, comme sans doute la femme de Park Dong-hoon. Ne pas passer ses soirées au bar de Jung-hee, c’est se retrouver exclu.
Sang-hoon n’a pas d’autre ambition que de récupérer sa femme, une forte personnalité qui s’assume très bien. On a au début l’impression qu’elle va le dévorer tout cru, mais finalement elle semble plutôt vouloir le punir assez longtemps avant d’accepter de le reprendre, pour qu’il comprenne qu’il a mal agi.
Ki-hoon s’apitoie sur son sort de réalisateur raté. Retomber sur Yu-ra ne va pas arranger les choses. Elle est une actrice complètement barrée, et totalement dépressive. C’est Jean-qui-rit Jean-qui-pleure. Elle fait un peu peur dans ses excès. Et pourtant elle finit par se reconstruire, alors que Ki-hoon reste bloqué sur ses complexes d’infériorité et son échec passé.
La femme adultère
Park Dong-hoon et Kang Yoon-hee, c’est un couple qui cohabite. Ils n’ont plus rien à se dire, ils ne font que vivre ensemble et élever un enfant à distance. Ils ne se croisent que peu le soir, et n’ont rien à se dire. Park Dong-hoon est un taiseux qui s’est refermé sur lui-même. Kang Yoon-hee est une femme qui a fait carrière et qui reproche à son mari de ne pas avoir fait de même ; elle ne le respecte plus.
Kang Yoon-hee sera finalement celle qui mène son amant à sa perte. Lui si plein d’ambitions l’aimait vraiment, contrairement à ce qu’elle croit. Être avec une femme mariée était un risque pour sa sainte carrière. Quand Kang Yoon-hee s’est retournée contre lui, il a tout perdu.
Le divorce, une épineuse question
Je trouve incroyable de voir ce couple qui continue à rester marié alors qu’il n’y a rien d’autre qui les relie que leur fils, et une vieille affection.
Autant le père était coincé dans sa routine et voulait bien faire pour nourrir sa famille ; il n’avait certes pas de vie intéressante, mais faisait au mieux pour satisfaire à ses obligations. Mais à partir du moment où il apprend que sa femme l’a trompé – et pas qu’un peu soit dit en passant, ça s’est poursuivi et établi sur des mois – il aurait dû mettre un terme à ce mariage qui n’existait déjà plus que sur le papier, non ?
Je suppose qu’on a là une question de société, le divorce étant pour l’instant beaucoup plus mal perçu en Corée que par chez nous, les divorcés étant souvent pointés du doigt.
Pour la femme, je trouve cela encore pire. Elle a un mari qui ne communique plus que par bribes avec elle et passe la majorité de son temps libre avec ses frères et ses potes. Il n’y a plus d’amour dans son couple, elle est seule. Elle retrouve le sourire dans les bras d’un autre. Pourquoi ne fait-elle pas les choses proprement en divorçant ?
Et une fois que son infidélité est découverte, elle s’effondre complètement, et passe de hautaine et méprisante envers son mari à complètement soumise. Elle adopte même un comportement supérieur et maternaliste envers Ji-an qui m’a horripilée.
Le devenir amour des deux principaux protagonistes
Passé le moment de l’enterrement, un peu trop long à mon goût, le dernier épisode prend le temps de nous montrer les vies des uns et des autres après la fin des événements. C’est intéressant de voir comment ils ont poursuivi leurs vies.
Pour autant, cet épisode final ne répond pas à tout et choisit de laisser des non-dits et des suppositions s’installer, notamment concernant Park Dong-hoon et Lee Ji-an.
L’amour fort mais contenu qui existe entre Park Dong-hoon et Lee Ji-an est indéniable. Si elle ne s’en cache pas, mais préfère s’éloigner pour son bien, lui a aussi des regards qui ne trompent pas. Et des larmes non plus.
La scène du café, où les paroles de Park Dong-hoon sont peu audibles, et les traductions de Viki et Netflix contradictoires, fait planer des doutes. Notamment la différence entre dire « Mon fils et ma femme » et dire « Mon fils et sa mère ». La seconde version peut faire supposer une séparation, alors que la première dit clairement que tous deux vivent certes sur des continents différents mais restent mariés.
Park Dong-hoon n’est pas du genre à démarrer au quart de tour, mais on peut imaginer que ses retrouvailles avec Lee Ji-an, dans le cadre d’une situation apaisée, peuvent ouvrir à tous les possibles. Leur – longue – poignée de main, comme savourée, l’énorme sourire affiché pour la première fois par Park Dong-hoon, et la promesse de se revoir autour d’un repas, laissent toutes les pistes ouvertes. L’amour ou l’amitié. Deux âmes en communion se sont trouvées, si Park Dong-hoon prenait la décision de se laisser aller, il est capable d’assumer son amour.
Acteurs:
Park Dong-hoon: Lee Sun-kyun 이선균
Lee Ji-an: Lee Ji-eun 이지은 (IU)
le frère ainé Park Sang-hoon: Park Ho-san 박호산
le frère cadet Park Ki-hoon: Song Sae-byeok 송새벽
l’épouse Kang Yoon-hee: Lee Ji-ah 이지아
l’usurier Lee Kwang-il: Jang Ki-yong 장기용
l’actrice Choi Yoo-ra: Kwon Na-ra 권나라
l’amant Do Joon-young: Kim Young-min 김영민
la propriétaire du bar Jung-hee: Oh Na-ra 오나라
Scénario : Park Hae-young 박해영
Plus de My mister sur le net:
Sa page sur Wikipedia (en anglais): https://en.wikipedia.org/wiki/My_Mister
Sa page sur TvN (en coréen): http://program.tving.com/tvn/mymister/
Chez Chorokbaem Media : http://www.chorokbaem.com/main/ko/sub04_02_31.html?xid=4&subxid=2