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GREENHOUSE 비닐하우스

Dernière mise à jour le 16 octobre 2024

Scénario et réalisation de Greenhouse: LEE Sol-hui
Sortie en France 29 mai 2024
Genre : Drame, thriller
Distribuée par Art House Films

Synopsis

Lee Moon-jung est aide soignante à domicile. Elle s’occupe avec bienveillance d’un couple de personnes âgées dont le mari perd progressivement la vue et dont l’épouse est atteinte de démence. Un jour, lors d’une énième crise, un accident vient bouleverser les fragiles projets de Moon-jung déjà accablée par le destin.

Les événements s’enchaînent alors très vite jusqu’à l’acte de survie ultime.

Greenhouse est un film noir, très noir, qu’il vaut mieux découvrir quand on a le moral. Il fait partie de ces films dont le premier visionnage laisse le spectateur perplexe, songeur et qui révèle toute sa richesse une fois le premier choc encaissé.

Quand ça ne va pas …ça ne va pas.

Moon-jung partage ses journées entre son travail, l’hôpital, son groupe de parole et son refuge : une serre comme seule habitation.

Divorcée, elle a un fils mineur en détention avec qui le dialogue est quasi-stérile. Sa mère âgée cloîtrée dans son silence est hospitalisée. Sa seule rencontre, avec Soon-nam, jeune fille abandonnée par sa mère, se révélera toxique.

Tour à tour souriante et prévenante lorsqu’elle se trouve auprès du vieux couple, elle est rattrapée par le stress et la culpabilité (à tort) qui la plonge dans des crises d’auto-mutilations lors de ses moments de solitude.

Elle se gifle alors le visage dans un rituel rythmé qui pourrait presque s’identifier à un exorcisme. Moon-Jung ne pleure plus, elle en est incapable.

Elle se raccroche à son unique espoir (illusoire ?) : économiser assez d’argent pour emménager dans un nouvel appartement et y accueillir son fils, bientôt libérable.

Un pari risqué pour la jeune réalisatrice

Pour son premier long métrage, Lee Sol-hui décide d’aborder les thèmes tabous de la vieillesse, de maladie et de la déchéance à travers tous ses protagonistes :

– Tae-gang, le vieil homme, plein de sagesse qui prend conscience de son état et de son devenir,

– Hwa-ok, son épouse qui n’est déjà plus là, si ce n’est que pour accuser sa seule protectrice de vouloir la tuer,

– Kyung-Il, le fils absent qui n’accompagne ses enfants dans le salon de ses parents que par visioconférence,

– Moon-Jung, en fille de substitution, dévouée au point de ne plus vivre pour elle-même,

– Enfin, la société qui feint d’être aveugle devant sa propre défaillance et qui brille par son absence.

Par sa sensibilité et son empathie, Moon-jung, semble à elle-seule porter le poids de cette société déshumanisée… mais à quel prix ?

KIM Seo-hyung et YANG Jae-sung, un duo lumineux qui nous aurait presque fait oublier la noirceur du scénario (spoilers !!!)

Moon-jung et Tae-gang sont les deux facettes d’une même tragédie

C’est dans une relation presque filiale que l’aide-soignante et le vieil homme évoluent, l’un apportant à l’autre ce qui lui manque.

Le premier tiers du film se termine sur une scène particulièrement émouvante qui n’est pas sans rappeler les mises en scène du réalisateur japonais Takeshi KITANO quand rires et jeux d’enfants offrent un dernier moment d’innocence avant l’inéluctable retour à la réalité. On pense au très beau « arigatô (merci) » final du film HANABI.

Ce sera d’ailleurs le tournant du film Greenhouse : une épopée de quelques secondes où Tae-gang, heureux comme un enfant qui retrouve son jouet, va conduire une dernière fois sa voiture sur un parking désert, encouragé par Moon-jung, sous le regard de son épouse installée sur la banquette arrière du véhicule.

L’arrêt brutal de ce rodéo improvisé par l’annonce de la maladie de Tae-gang, sanglots dans la gorge, qui sera suivi de la disparition accidentelle de Hwa-ok, marque une rupture dans le récit qui va bientôt basculer du drame sociétal au thriller.

Dès lors, les deux protagonistes, chacun à leur manière, vont assumer leur choix jusqu’à l’issue fatale : la première se raccrochant à son unique espoir, enchaînant les décisions absurdes, le second refusant de devenir un poids pour la société.

De tes cendres, tu renaîtras ?

Un bidon d’essence, un briquet, une légère hésitation …

En un instant, avec ou contre son grès, tous les obstacles à la renaissance de Moon-jung disparaissent dans l’embrasement de la serre qui prend des allures de purification.

Sur ce chemin de croix, certains auraient abandonné, Moon-jung a continué d’espérer. Mais jusqu’à quel point l’être humain peut-il flirter avec la folie sans perdre la raison ?

Le film se referme sur le visage troublé et troublant de l’impériale KIM Seo-hyung, qui rappelons-le, a gagné pour ce rôle 6 récompenses dont l’équivalent coréen du César de la meilleure actrice, décerné par la Korean Association of Film Critics.

Greenhouse est dur mais beau. Je n’ai pour ma part qu’un seul regret, celui de ne pas avoir vu couler sur ce visage quelques larmes libératrices, indépendamment du futur qui l’attend.

Casting

KIM Seo-hyung: Moon-jung
YANG Jae-sung: le vieil homme, Tae-gang
AHN So-yo: Soon-nam
SHIN Yun-sook: Hwa-ok, l’épouse de Tae-gang
WON Mi-won: mère de Moon-jung
NAM Yeon-woo: Kyung-il

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